Les bienfaits de l’activité physique sur la santé mentale

Ecrit par Noémi Vuichoud, psychologue du sport FSP et Laurence Chappuis, psychologue du sport et psychothérapeute FSP

Définition et évolution dans le temps

Alors que nos ancêtres étaient très actifs physiquement (travail au champ, moyens de déplacement limités), notre société a petit à petit glissé vers moins d’activités physiques (Ninot, 2018) au point que les troubles liés à la santé mentale sont actuellement au deuxième rang en termes de coûts et de morbidité derrière les maladies du cœur selon l’OMS (Poirel, 2017). L’Organisation Mondiale de la Santé définit la santé mentale comme : « un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et d’une manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution a la communauté » (OMS, 2013). Les problèmes liés à la santé mentale sont donc une problématique de santé publique majeure qui concerne un nombre important de personnes. C’est pourquoi, la communauté scientifique a envisagé différents moyens pour lutter contre ces troubles et il semblerait que l’on arrive à un consensus, tant chez les chercheurs que dans la population générale : l’activité physique serait le moyen qui permettrait d’avoir le plus d’impact sur le bien-être et la santé mentale. De plus, elle a des effets positifs tant au niveau physique que psychologique agissant ainsi directement sur les deux problématiques de santé publique majeures identifiées par l’OMS.

En Suisse, selon le dernier rapport de l’OFSPO (Lamprecht et al., 2020), des progrès ont été observés : le pourcentage de la population active physiquement a augmenté et atteint aujourd’hui les 80% chez les personnes de plus de 15 ans.

Recommandations de l’OMS et type d’activités

Rappelons que l’OMS recommande pour les jeunes de 5 à 17 ans, au moins 60 minutes d’activités physiques d’intensité modérée à soutenue par jour. Selon l’OMS, l’intensité modérée demande un effort moyen et accélère sensiblement la fréquence cardiaque, par exemple : marcher d’un bon pas, danser, jardiner, faire le ménage, promener son animal, faire du sport avec un enfant, faire du yoga, jouer, se déplacer. L’intensité soutenue demande un effort important, le souffle se raccourcit et la fréquence cardiaque augmente considérablement, par exemple : courir, marcher à la montée, faire du vélo à une bonne allure, faire du fitness, nager, faire du sport de compétition.

Chez les 18 à 64 ans, il faut pratiquer au moins 150 minutes par semaine d’activités physiques à intensité modérée ou au moins 75 minutes si l’intensité est soutenue. Il est possible de retirer des bénéfices supplémentaires pour la santé, en pratiquant au moins 300 minutes d’activité physique d’intensité modérée par semaine ou 150 minutes avec une intensité soutenue. Pour les personnes de plus de 65 ans, les recommandations sont les mêmes que jusqu’à 64 ans mais évidemment, le type d’activité et l’intensité seront adaptées en fonction de l’état de santé de la personne. Il est possible de pratiquer une activité physique quel que soit l’âge, le sexe ou l’activité professionnelle.

Impact de la pratique d’activités physiques sur la santé psychique

Les recherches montrent une influence positive de l’activité physique sur la santé mentale : elle améliore l’humeur, diminue l’anxiété, le stress, la dépression et le sentiment d’épuisement. Elle a un effet relaxant comparable à un médicament anxiolytique. Certaines études ont même pu montrer que l’activité physique pouvait aider à soigner la dépression légère à modérée. Pour la dépression sévère, l’activité physique est une thérapie complémentaire au traitement traditionnel (Karteroliotis et al., 2018). Dans ce sens, il pourrait être judicieux de “prescrire” de l’activité physique aux patients pour les aider à guérir, à améliorer leur santé mentale, en les rendant acteurs tout en les accompagnant. Pour Ninot (2020), l’activité physique est une des “interventions non médicamenteuses” existantes tout comme l’est aussi la psychothérapie.

La pratique d’une activité physique modérée augmente aussi l’estime de soi et le sentiment d’efficacité, les performances cognitives telles que la mémoire, la concentration, le temps de réaction et la résolution de problème. Elle améliore également la réaction du corps face à des facteurs de stress et permet de récupérer plus rapidement. Pratiquer une activité physique peut aussi permettre de rencontrer d’autres personnes, d’échanger, de s’ouvrir aux autres et ceci peut aussi contribuer à une bonne santé mentale. Ces effets positifs se maintiendraient pendant au moins 2 à 7 heures après 20 à 75 minutes d’activité physique modérée et créent une dynamique positive.

Quels sont les bénéfices pour les enfants ?

Le sport et l’activité physique sont particulièrement importants pour les enfants. Le sport procure du plaisir et de l’amusement, ce qui est positif au niveau psychologique, il contribue à améliorer l’estime de soi ainsi que la motivation. Naturellement, l’enfant bouge, il est donc important de maintenir cette habitude lorsque l’enfant grandit. Le fait de partager des activités physiques en famille permet de maintenir de bons liens intergénérationnels, de passer des moments dehors et de s’ouvrir au monde environnant. Toute activité qui permet à l’enfant de bouger est importante, ces activités n’étant pas nécessairement sportives ou difficiles physiquement : sorties au parc, visites de musée interactif, parcours d’acrobranche, sentiers didactiques, jeux extérieurs, etc. Le sport est également souvent considéré comme une école de vie, un endroit où l’on apprend à respecter des règles, à supporter et dépasser l’échec et à pouvoir transférer des compétences dans des domaines divers. Ces différents points participent donc à donner confiance aux enfants.

Résumé en schéma :

Références

  • Biddle, S., & Goudas, M. (1994). Sport, activité physique et santé chez l’enfant. Enfance, 47(2), 135-144.
  • Lamprecht, M., Bürgi, R. & Stamm, H. (2020): Sport Suisse 2020. Activité et consommation sportives de la population suisse. Macolin: Office fédéral du sport OFSPO.
  • Karteroliotis, K. ; Psychountaki, M. ; Staurou, N. & Skordilis, E. (2018). Elaboration de modèles d’activités physiques, d’évènements sportifs et de programmes d’exercices. http://eufami.org/wp-content/uploads/2018/08/policy_papers_spreads_fr.pdf#page=71.
  • Ninot, G. (2020). Entretien: Interventions non médicamenteuses : le temps d’évaluer sérieusement ces pratiques est venu. Revue Info Respiration, 155, p. 23 – 26. https://splf.fr/wp-content/uploads/2020/03/Ninot-IR155.pdf
  • Ninot, G. (2018). La santé, la psychologie et le sport : l’ère de la réconciliation est arrivée ! Présentation DAS en psychologie du sport, UNIL.
  • Organisation Mondiale de la Santé. (2013). Plan d’action global pour la santé mentale 2013-2020. Organisation mondiale de la Santé.
  • Poirel, E. (2017). Bienfaits psychologiques de l’activité physique pour la santé mentale optimale. Santé mentale au Québec, 42(1), 147-164.

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