Perfectionnisme… un atout dans le sport ?

Écrit par notre contributrice Christelle Jung, préparatrice mentale SASP et infirmière.

Le monde du sport compte une forte proportion de perfectionnistes…est-ce donc une norme dans le monde du sport, voir une condition à la performance ? Cet article propose quelques pistes de réflexions.

Le perfectionnisme, un trait de personnalité répandu :

Le perfectionnisme est un trait de personnalité défini par « l’effort pour être parfait dans certains domaines de sa vie », à l’extrême, il représente « la tendance à avoir de hauts standards et une attitude critique envers soi. ». Dans un récent article, Flett et Hewitt, évoque « une pandémie du perfectionnisme » citant des études où plus de 20% des jeunes présentent un perfectionnisme dysfonctionnel.

Deux types de perfectionnisme :

Les études démontrent qu’il existe deux principaux types : le perfectionnisme fonctionnel et le perfectionnisme dysfonctionnel. Le perfectionniste fonctionnel s’engage activement dans la résolution des problèmes de manière consciencieuse, il réagit de manière comportementale plutôt qu’émotionnelle. Ce type de perfectionnisme est positif, et est synonyme d’une forte capacité d’adaptation.

Alors que le perfectionniste dysfonctionnel a des réactions face au stress mal adaptées et réagit plutôt sur le mode émotionnel que comportemental. Ce perfectionnisme est guidé par une peur de faire des erreurs, et des critiques.

Les pensées des perfectionnistes tournent autour des règles de vie suivantes :

  • « Je dois être parfait pour me sentir valable »
  • « Je dois être parfait pour être intégré socialement »
  • « Je dois être parfait pour faire face aux aléas de la vie ».

Perfectionnisme et motivation :

Les perfectionnistes dysfonctionnels ont tendance à avoir une motivation plutôt extinsèque. Ils seront motivés par des récompenses ou des critiques externes. Il semble également qu’après des échecs répétés, les perfectionnistes dysfonctionnels ne sont plus motivés car ils se sentent incapables d’atteindre les résultats attendus.

Conséquences du perfectionnisme dans le sport :

En sport, le perfectionnisme fonctionnel est positif. En 2002, Gould et al. ont démontré que le perfectionnisme adapté est une caractéristique présente chez les athlètes olympiques. Le niveau optimal d’apprentissage et de performance est lié au perfectionnisme fonctionnel. A l’inverse, le perfectionnisme dysfonctionnel a été associé à un large éventail de problèmes dans le domaine du sport tels que l’épuisement professionnel, les attitudes favorables au dopage, les intentions d’abandon, la dépression, l’anorexie. Il s’agit du paradoxe du perfectionnisme, le désir excessif d’arriver à un niveau toujours plus élevé de succès est stérile puisque l’athlète n’atteint jamais ses objectifs, et donc cela nuit à son estime de lui-même.

Quel rôle pour l’entourage du sportif :

L’entourage du sportif doit être vigilant car comme on l’a vu des problèmes importants peuvent découler du perfectionnisme. Des stratégies d’adaptation peuvent être proposées, par exemple :

  • Fixer des objectifs réalistes et atteignables.
    • Les objectifs doivent être concrets, ne pas viser la perfection et être réévalués régulièrement.
  • Etablir des limites de temps qui permettent de s’adonner à d’autres activités :
    • Etablir des priorités (faire des listes p. ex.)
    • Aider l’athlète à prendre conscience des moments qui le ressourcent en dehors du sport ainsi que du plaisir ressenti.
  • Apprendre à gérer les critiques.
    • Réfléchir à ses valeurs : pourquoi/ qui je m’entraîne ? pourquoi / qui je veux réussir ?
    • Quelles sont les personnes qui comptent pour moi ?
    • Identifier les personnes autour de l’athlètes qui font des critiques constructives et bienveillantes et porter son attention sur celles-ci.
    • Entraîner un discours interne positif.

Les objectifs de la prise en charge, doivent eux aussi être réalistes. La transformation absolue du perfectionniste est illusoire, il faut plutôt viser une diminution de son niveau global permettant un fonctionnement satisfaisant. Il ne faut donc pas hésiter à aider l’athlète à rechercher de l’aide.

Bibliographie :

Cox, R. (2017). Psychologie du sport (2ème édition). De Boeck, 139-141.

Gould, D., Dieffenbach, K., & Moffet, A. (2002). Psychological characteristics and their development in Olympic champions. Journal of applied Sport Psychology, 14, 172‑204.

Flett, G. L., & Hewitt, P. L. (2020). The perfectionism pandemic meets COVID-19 : Understanding the stress, distress and problems in living for perfectionists during the global health crisis. Journal of Concurrent Disorder, 2, 80‑105.

Vicent, M. et al. (2020). Perfectionism Profiles and Motivation to Exercise Based on Self-Determination Theory. International Journal of Environmental Research and Public Helath, 17, 3206.

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