Le flow: cet état que tout sportif recherche

Ecrit par Irma Heller, psychologue du sport et psychothérapeute FSP à Lucerne

Cet article est un résumé des principaux points abordés dans l’émission de Radio 3FACH du 16.04.2020 par Irma Heller, psychologue du sport et psychothérapeute. Elle est interviewée par Elena Müller, journaliste à Radio 3FACH. Lien de l’émission en allemand : https://soundcloud.com/radio3fach/kreuzbandriss-der-flow-ist-ein-wenig-wie-ein-rausch

L’état de ‘Flow’ – définition et processus 

Il s’agit d’un état agréable et enivrant qui peut se produire dans diverses situations au travail ou pendant les loisirs. Cet état peut être vécu particulièrement souvent lors d’activités sportives ou créatives. C’est un sentiment d’immersion totale, de contrôle, de concentration et de bien-être pendant une activité. L’absorption complète et l’oubli dans l’activité.

Il s’agit donc d’un état de concentration, de compétence et de bonheur : être complètement présent dans l’ici et le maintenant et pourtant, en même temps, absent. C’est un état de bonheur qui active également certaines hormones et certaines régions cérébrales particulières ou, en d’autres termes, il s’agit d’un état de synchronisation de l’esprit, du corps et de l’âme – une cohérence/conformité de la pensée, du sentiment et de l’action, au-delà de l’anxiété ou de l’ennui. Le flow se produit involontairement et ne peut généralement pas être induit consciemment.

Le flow accessible à tous 

En principe, tout le monde peut connaître un tel état, généralement dans une activité qu’il maîtrise, comme un sport ou un instrument de musique, de telle sorte que le contrôle est parfait d’une part et peut ensuite être relâché d’autre part. Il peut s’agir d’un peintre produisant une œuvre d’art, d’un athlète au meilleur de sa forme ou pendant une course, d’un musicien de jazz en improvisant, d’un chirurgien lors d’une opération complexe, d’une danseuse absorbée par son mouvement, d’un écrivain en écrivant un texte, … L’action se met en avant, la conscience de soi et des autres s’éloigne.

Atteindre l’état de flow

Pour atteindre un état de flow, on se concentre sur des objectifs réalistes dans son activité. Cet état peut se produire lorsqu’il y a un équilibre entre la demande et la capacité. Plus vous maîtrisez un sport, par exemple, plus vous avez de chances de faire l’expérience du flow.

Des recherches sur le cerveau ont montré une réduction du flux sanguin dans les régions cérébrales non concernées par la tâche et dans le même temps, une augmentation de la libération de dopamine. En revanche, le flow ne semble pas être en soi un facteur d’amélioration des performances.

Une étude de l’Université de Zurich a pu montrer qu’un état comme le flow pendant un marathon favorise la motivation intrinsèque (motivation intérieure qui naît de soi-même) pour continuer à s’entraîner. Cela peut donc agir comme une récompense personnelle et motiver à continuer, ce qui signifie que ce sentiment peut être vécu à nouveau.

Les conséquences négatives du flow 

Lorsqu’ils sont dans un état de flow, les surfeurs ou les skateurs présentent des symptômes qui sont similaires à une dépendance au sport, comme des symptômes de sevrage ou des conflits dans la vie sociale, ou quelqu’un qui continue malgré les blessures et ne peut pas s’arrêter.

Une autre conséquence négative d’un tel état peut être un comportement de prise de risque accru. Cela peut avoir des conséquences dévastatrices si le sport pratiqué est en soi un sport à risque comme la moto ou l’alpinisme, bien que les alpinistes de longue date parviennent souvent à contenir ces éventuelles expériences négatives de flow grâce à leur grande expérience.

Certains sports sont plus propices à l’atteinte de l’état de flow 

Les sports cyclistes ainsi que la course à pied, l’escalade ou le surf sont particulièrement propices à l’expérience du flow. Il semble également y avoir un lien avec la libération de cortisol, l’hormone du stress : des études ont montré que par rapport au flow, une libération trop importante ou trop faible de cortisol peut être inhibitrice. Concernant les conditions optimales du développement du flow ou les conséquences positives et négatives du flow, des recherches plus spécifiques sont nécessaires pour en savoir davantage.

Pour aller plus loin :

  • Cox, R. h. (2013). Psychologie du sport. Bruxelles: De Boeck.
  • Csikszentmihalyi, M., Latter, P., Weinkauff Duranso, C. (2017). Running Flow. Champaign: Human Kinetics.
  • Décamps, G. (2012). Psychologie du sport et de la performance. Bruxelles: De Boeck.
  • Jackson, S., Thomas, P. R., Marsh, H. W. & Smethurst, C. J. (2001). Relationships between Flow, Self-Concept, Psychological Skills and Performance. Journal of Applied Sport Psychology, 13, 129 – 153.

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